2010-2016 : 9 FAMILLES THEMATIQUES. Notes d'intention.

COLONNES : La verticalité suppose une relation de ce qui est matériel, concret, quelque chose de stable où prendre racine, vers ce qui est immatériel, comme un idéal commun et encore lointain.

Imaginez une forêt de bois vivants et colorés derrière laquelle apparaît une lumière dorée de clairière, comme une espérance.

Les couleurs vives ou nuancées sur les troncs captivent notre attention aussi longtemps que nous pouvons les distinguer. Mais les contre-jour rendent les troncs verticaux sombres et inquétants.

Peut être sont-ce des coulures liquides figées de résine fossilisée ?, peut-être du sang coagulé ? Un seul bois, étrangement, parait ses coulures s'élever, à l'encontre de la logique gravitationnelle  et cette impression nous fait regarder vers le haut....

EMERGENCES : Big bang. Changement de dimension de l'énergie créatrice qui devient alors lumineuse, visible, concrète, mesurable, apparemment quantifiable.

L'énergie se focalise, finit par susciter une masse générant matière solide, gravitation et attraction. Ces traces sombres dans l'espace prennent toutes les directions de l'expansion...

HORIZON : Espace linéaire, un centre, deux directions possibles. L'espace devient intelligible, la trace de la matière devient intelligence communicante : écriture. Nous écrivons et lisons de gauche à droite. d'autres cultures de droite à gauche...

Le support de l'écrit, papier ou parchemin, est en deux dimensions. On peut regarder un feuillet d'écriture de l'un des plus grands sages que la terre connait ou a connu, vu par la tranche ce n'est qu'une ligne de matière d'un point A à un point B.

Cela constitue notre horizon, partiellement connu, ou partiellement inconnu...

ESPACES (scénographie) : Nous avons besoin de sécurité. De contenir l'univers qui nous entoure, de le maîtriser, comme sur une scène de théâtre, nous donnons une base, un plancher de théâtre avec ses rues et fausses rues, face, lointain, des limites, un début, une fin, à gauche, à droite.

Côté jardin à gauche, car les jardins des tuileries étaient à gauche du spectateur à l'époque (1770 mais officiellement au lendemain de la révolution), et à droite la cour du Louvre.

Nous sommes tous des metteurs en scène et cette mise en espace visible en théâtre dans laquelle évoluent nos comédiens s'appelle scénographie.

FENETRES DE NUIT : Ce qui n'est pas visible, donc mesurable, quantifiable, nous inquiète. L'inconnu, personne humaine ou temps à venir, suscite curiosité et méfiance, un besoin de mettre en lumière, de connaître si l'on part de rien ou de peu, un besoin de laisser dans l'ombre, la plupart du temps avec violence, en-dehors, si l'on a peur de perdre le peu... ou le plus.

SCENES (Mises en scène) : Notre histoire commune constituée. Force des valeurs communes, famille, cité, nation. Aspirations à la destinée en volutes changeantes comme les lumières du théâtre frappant les décors et les acteurs. En bas, dans les dessous, l'Histoire : du solide, plus ou moins... A cour, à jardin dans les limites concédées, communiquer pour rassurer, pour faire participer : classes socio-professionnelles, cadre sociétal, être et avoir.

ESTAMPES (icônes) : Et ce besoin de lier le monde connu au monde inconnu, le visible à l'invisible, de l'éclairer à la lumière de l'éternité, d'un sens collectif universel et profond, survivance génétique des premiers écrivains rupestres...

Cette conscience d'un sacré dépassant l'individu mortel centré sur ses besoins, à la manière d'une icône, donne naissance au sens religieux...

REFLETS (Abords) : Le poète illumine notre vie car les reflets du monde réel qu'il nous renvoie dépasse la perception commune. Ce sont des témoins de leur temps, mais en décalage.

On imagine un paysage se reflétant dans l'eau d'un étang. La lumière réfléchie, divergente ou réfractée change la couleur de l'arbre, de la nature, de la construction humaine environnante. Une brise d'air ride la surface de l'eau et l'image change encore. Les arbres aux abords du fil de l'eau sont des repères pour qui observe leurs reflets. Mais le poète, lui n'a de besoin que d'en transcender l'image indirecte. Connu ou inconnu, volontaire ou non, il contribue de ce qui survit à notre histoire commune immédiate, ce que l'on nomme Culture, ici ou là-bas, petite ou grande.

FONDEMENTS : Certains témoignages consignés, ensemble d'écrits fondateurs ( telle la Bible), apparaissent et disparaissent le long de l'histoire humaine. Mais comme les traces archéologiques, elles laissent entrevoir une origine commune dans des civilisations passées. Ils sont réécrits pour édifier des nouvelles générations plus conscientes de par leur héritage historique, intelligence des temps présents appelée connaissance, mais difficilement matures par l'application de leurs responsabilités dans cet héritage qui leur a été confié.

Claude STEPHAN janvier 2016